26 novembre 2010

Pôle Emploi : Chronique d'une catastrophe annoncée ?

Nicolas Sarkozy avait promis : Un grand service de l'emploi unifié, plus efficace. Force est de constater que les résultats ne sont pas brillants. Un livre écrit par une CDD de Pôle emploi met à nouveau, en cause, son organisation et son fonctionnement. Ce qui n'exonère pas le gouvernement de ses responsabilités !

Christian Charpy, le directeur général de Pôle Emploi, est bien le seul en France à être optimiste sur les chiffres du chômage. Vous me direz, c'est son rôle et ça conditionne aussi son avenir professionnel !

Pour quelles raisons Monsieur Charpy est-il optimiste ?

" ... / ... Nous constatons depuis le milieu de l'année une progression beaucoup plus lente du nombre d'inscrits ... / ... Point positif, les inscriptions sont moins nombreuses aujourd'hui qu'en 2009, a-t-il ajouté ... / ... Tout en précisant qu'il prévoit : " ... / ... que le chômage de longue durée va continuer d'augmenter ... / ..."

Optimisme moyen donc, gommé par l'OFCE, qui estime que : " la reprise devrait s'essouffler en France l’année prochaine en raison des mesures d'austérité. Et le taux de chômage pourrait donc augmenter ... / ..." - 20 Minutes

En bref, les incantations de Xavier Bertrand le nouveau ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé qui a assuré : qu'il mettrait "en oeuvre tous les outils qui existent pour faire baisser le chômage et le faire baisser de manière durable" ressemblent bien, à de jolies paroles électorales ! - AFP/Google

Bien que ce ne soit pas Pôle Emploi et ses salariés qui "fabriquent" les emplois, il n'en reste pas moins que dans les prochains mois, tous les yeux, du sommet de l'état au salarié de base, vont avoir les yeux rivés sur lui ... A condition de lui donner les moyens financiers et surtout humains !

Ce qui ne semble pas le cas puisque le 9 novembre dernier les salariés de Pôle Emploi au cours d'une journé de grève très suivie dénonçaient la suppression de 1 800 postes (1 500 CDD et 300 CDI) - Sud Ouest

C'est justement l'une de ces salariés en CDD qui vient de publier : "183 jours dans la barbarie ordinaire, en CDD chez Pôle emploi". Elle y dénonce, nous dit le JDD : " ... / ... ses mésaventures d'une plume acide, la "cohorte des demandeurs d'emploi exhibant leur mépris", "les objectifs intenables", les collègues transformés en "petits sergents" et les entretiens en "coquilles vides qui se succèdent à des cadences infernales ... / ... " On pourra lire aussi une interview, très intéressante qu'elle a donné au site "LA FUSION POUR LES NULS"

Au delà des réactions humaines de gens soumis à un stress violent, ce qui en ressort, c'est surtout la culture du chiffre réclamée par les politiques, qui craignent pour leur réélection, et continuent à proclamer, qu'il est toujours possible de : "faire mieux avec moins"

Témoin cet extrait d'interview au JDD : " ... / ... L’objectif, c’était 60 demandeurs par conseiller, on en est loin!", reconnaît la directrice. L’agent qui se prénomme Samia dans le bouquin en dénombre bien plus: "J’ai regardé lundi, j'ai failli tomber par terre. J'ai 257 chômeurs actifs, et je suis à temps partiel!" Ses collègues citent des chiffres comparables. Même une jeune CDD, qui n'est là que depuis trois mois et demi, en compte 197. Dans ces conditions, impossible de tenir les objectifs. D’assurer le "suivi mensuel personnalisé" de chaque chômeur. Les plus autonomes sont contactés par téléphone ou par mail. D'autres renvoyés vers des prestataires privés. "On ne reçoit pas les gens comme on le voudrait", soupire un conseiller. "Le nouveau mot d'ordre, c'est d’aller chercher des offres, de visiter les entreprises. Mais on n'a pas le temps", regrette une autre .. / ... "

Encore une fois, un service de l'emploi aussi pointu soit-il ne peut inventer des millions de postes à pourvoir ! Aussi, ne devrait-on pas se tourner plutôt vers ceux qui sont en charge, notamment, de la politique industrielle de la France ?

L'Usine Nouvelle pose d'ailleurs la bonne question : "Quelle sera la politique industrielle d'Eric Besson?" et nous propose de redécouvrir un rapport rédigé par Eric Besson en 2009 ? : " Dix défis pour la France" dans lequel il proposait de : Creuser un peu plus les déficits des comptes sociaux, réaliser une harmonie fiscale européenne, des entreprises, refusée par plusieurs pays de l'UE et faire sortir de terre d'hypothétiques "clusters" d'excellence ! - Usine Nouvelle

10 défis pour la France


Si on en croit le titre du rapport : "France 2025", il faut malheureusement penser, que les salariés et les usagers de pôle emploi, vont devoir apprendre à cohabiter, encore longtemps ensemble. Pour le meilleur et pour le pire !

Bibliographie
183 jours dans la barbarie ordinaire, en CDD chez Pôle emploi
Extraits
Critiques et analyses du livre

25 novembre 2010

World Forum de l'économie responsable: Au pays des "délocalisations responsables" !

Les acteurs du monde économique et politique adorent les forums mondiaux comme le très chic et très courut Davos. Il en existe un autre, moins médiatique : le forum mondial de l'économie responsable, où on se défend de pratiquer " l'éthique washing "

"Ethique Washing" ou son presque équivalent : "Greenwashing" qui : " ... / ... est utilisé par les groupes de pression environnementaux pour désigner les efforts de communication des entreprises sur leurs avancées en termes de développement durable, avancées qui ne s’accompagnent pas de véritables actions pour l’environnement ... / ..." - Dictionnaire de l'environnement

Dans le cas de " l'Ethique washing " il s'agit de se parer de vertus sociales et sociétales. Ce qui permet de se transformer en parangon de " l'économie responsable", tout en ne négligeant pas, un peu de vertus environnementales.

Selon Philippe Vasseur, organisateur du "World Forum" (et ancien ministre du gouvernement Jupé) : " ... / ... La première responsabilité d'une entreprise est de faire du profit, soyons clairs, mais elle doit se demander comment le faire et surtout quoi en faire ? ... / ... "

Les "sans foi ni loi" dont nous faisons partie, pourraient lui proposer une idée d'utilisation immédiate, sachant que : " 64% des Français n'ont pas été augmentés depuis 2 ans " - Boursier

Mais revenons à nos moutons "responsables". A quoi sert le forum mondial de l'économie responsable ?

Présentation sur leur site Web : " L’économie du XXIème siècle ne peut se résumer à un affrontement entre le « tout profit » et le « non marché » Entre la recherche effrénée de gains financiers à court terme et le rejet acharné de toute forme d’économie de marché, la société mondiale ne peut trouver son équilibre et son salut que si chaque acteur a conscience de sa part de responsabilité collective et agit en conséquence ... / ... "

Et comment se traduit "chaque acteur a conscience de sa part de responsabilité collective" et bien essentiellement grâce aux : " aux regards croisés d’acteurs et d’experts de la RSE ... / ... "

RSE, késako ?

Définition du Ministère de l'Ecologie et du développement durable : " La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. La démarche consiste pour les entreprises à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leur activité pour adopter les meilleures pratiques possibles et contribuer ainsi à l'amélioration de la société et à la protection de l’environnement ... / ... "

Mais au delà du message environnemental et sociétal, la RSE, c'est aussi l'investissement socialement responsable (ISR), qui est : " Un « marché » en pleine croissance depuis la crise. Le principe de l’ISR ? Proposer des fonds et des portefeuilles d’actions qui respectent certaines valeurs non financières ... / ... " qui pèse : " plus de 50 milliards d'euros en France ... / ..." nous dit Bastamag

En clair, en se soumettant à des critères et obligations, présentées notamment, par l'observatoire de la responsabilité sociale (ORSE) et en se soumettant au contrôle d'agences de notations comme NOVETHIC ou VIGEO (qui a travaillé pour le gouvernement sur l'emploi des seniors), les entreprises peuvent voir leurs titres classifiés : "placements éthiques"

Vraiment éthiques ? Ce ne 'est pas tout à fait ce que pensent les "Amis de la Terre" qui dans un rapport évoquent quelques problèmes sur : la qualité des évaluations produites par les agences de notation.

" ... / ... Les agences chargées d’évaluer les comportements des entreprises en matière sociale et environnementale se contentent le plus souvent d’une analyse déclarative. Seuls les rapports fournis par les sociétés seront décryptés, avec leur long chapitre sur leur « responsabilité sociale », leurs séduisantes plaquettes « développement durable » et leurs attrayantes pages Internet où fleurs, forêts et enfants souriants s’épanouissent virtuellement. Les visites de terrain demeurent exceptionnelles. « La démarche d’analyse de Vigeo (principale agence de notation extra-financière française, fondée par Nicole Notat), par exemple, consiste uniquement en une compilation de données publiques, provenant essentiellement de l’entreprise. L’agence de notation ne mène aucune enquête propre et ne vérifie pas ses informations » ... / ... - Bastamag

Il y a d'ailleurs lieu de s'interroger en regardant le programme des conférences et ateliers où on peut lire que le premier intervenant de la "Conférence d'ouverture - La voie de l'entreprise responsable" est : Gérard MESTRALLET, PDG de GDF SUEZ, leader mondial de la production indépendante d’électricité, 200 000 collaborateurs, 80 milliards € de CA, Gérard MESTRALLET a engagé son groupe dans une politique responsable"

Dans la mesure où, GDF Suez s'est vu remettre un prix dans la catégorie "Droits humains" lors de la remise des "Prix Pinocchio" Prix qui rapellons le : ... / ... ont pour but d'illustrer et de dénoncer les impacts négatifs de certaines entreprises françaises, en totale contradiction avec le concept de développement durable qu'elles utilisent abondamment ... / ..."

Néanmoins, ce qui a retenu toute notre attention dans le programme du Worl Forum, c'est une des conférence organisée le 25 et qui porte le titre suivant : "Délocalisations : comment l'entreprise peut y trouver l'occasion d'exporter la RSE et non le moyen d'y échapper ?"

Résumé : " L’entreprise qui délocalise est souvent critiquée, d’une part parce qu’elle crée des emplois « ailleurs » que dans son pays d’origine (et parfois à son détriment), et d’autre part parce qu’elle est suspectée de rechercher de moindres contraintes sociales et environnementales. A contrario, en prenant pied sur de nouveaux marchés par des délocalisations d’activités, les entreprises peuvent prouver qu’elles sont globalement responsables, en exportant leurs pratiques de RSE, en adoptant la même démarche que dans leur pays d’origine "

Lorsqu'on pose à Philippe Vasseur la question suivante : " Délocalisation et responsable sont-ils deux mots compatibles ?"

Il a cette réponse : " C'est une stratégie qui permet aux entreprises de rester compétitives, tout en conservant leurs sièges et leurs technologies dans leur pays d'origine.Une entreprise ne peut pas toujours exporter depuis la France, pour des raisons de coût, de délai ou de respect de la planète. Les entreprises responsables peuvent être amenées à délocaliser pour se rapprocher des marchés convoités ... / ..." - 20Minutes

Si vous voyez une différence avec les entreprises non responsables ....

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Neoplanete

24 novembre 2010

RENAULT ruine la légende du gouvernement sur l'emploi des seniors !

Camouflet pour le gouvernement qui s'appuyait sur le maintien des seniors dans l'emploi : Renault vient de proposer à 3000 de ses salariés âgés de 58 ans un départ en retraite anticipé. Cet évènement prouve le décalage entre discours gouvernemental et réalité du maintien dans l'emploi des plus de 50 ans !

En juin 2010, Laurent Wauquiez dans Le Parisien, déclarait : " ... / ... En fermant le robinet des préretraites financées par l'Etat, nous avons mis fin à cette machine de ségrégation ... / ... "

Robinet, dont les entreprises multinationales françaises, peuvent se passer, lorsqu'elles entendent "gérer une période de sous-productivité". En effet, le coût des péréretraites en France pouvant être être largement financé, par recours à la délocalisation de la production vers des pays à bas coût salariaux !

Et pourtant, bien décidé à reporter l'âge de la retraite à 62 ans, le gouvernement avait mis en place un discours pour faire "passer la pilule" à tous ceux qui a plus de 50 ans craignaient de perdre leur emploi ou l'on déja perdu !

Le plus loquace était Laurent Wauquiez secrétaire d'état à l'emploi (passé depuis aux affaires européennes) : " La France, quels que soient les gouvernements, a géré statistiquement le chômage en renvoyant les seniors chez eux, pour dégonfler les chiffres. Depuis des années, on peut dire qu’on a organisé un vrai massacre. On a habitué notre pays aux préretraites. Résultat : en France, 38 % des 55 ans et plus ont un emploi, contre 50 % en Europe et 70 % en Suède ! Mais ce n’est pas la seule conséquence. Car, à la longue, cette politique a installé l’idée qu’arrivé à l’âge de 50 ans, un salarié a déjà sa carrière derrière lui. De plus, quand un demandeur d’emploi cherche un travail, il peut s’entendre dire qu’il est trop âgé pour le poste proposé…" - Octobre 2009 - Midi Libre

Au fait où en est-on des plans censés améliorer l'emploi des seniors ?

" L'obligation faite aux entreprises d'améliorer l'emploi des seniors commence à produire des effets positifs mais les décisions d'embauche restent encore très minoritaires ... / ..." écrivait l'AFP, le 16 novembre, commentant une étude du cabinet Mercuri Urval

Mais que propose Renault à ses salariés ?

" Renault a proposé mardi des départs anticipés à la retraite pour pénibilité à 3.000 salariés sur trois ans ... / ... La mesure, dans le cadre de la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC), serait ouverte aux ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise de la maison-mère et des filiales industrielles en France, âgés de 58 ans et plus début 2011, et ayant effectué 15 années de travail posté (travail en équipe par roulement) ou ayant une incapacité permanente d'au moins 10%. Ils auraient la possibilité de partir en préretraite, financée par l'entreprise, jusqu'à l'âge légal de départ. Le salaire de remplacement pourrait s'élever à 75% du salaire brut ... / ... " - AFP/Google

Nul doute que dans un contexte économique devenu moins favorable avec la fin programmée de la "prime à la casse" et la diminution progressive du bonus écologique, les salariés concernés, vont accepter dans leur très grande majorité, de profiter de cette "brèche", dans la légende gouvernementale. Et nous leur donneront, oh combien, raison !

La première à réagir a été la "madone" de la retraite à 67 ans et des fonds de pension obligatoires pour les salariés : Laurence Parisot. Elle a : " ... / ... jugé "étonnant" ce choix pour les seniors de Renault, "dont un des actionnaires est l'Etat", y voyant un "signal contradictoire", alors que la réforme relevant l'âge de la retraite vient d'être promulguée ... / ... "

Tout en oubliant de préciser que ce type d'accord avait déja été conclu par d'autres entreprises comme Rhodia : " ... / ... Le DRH du chimiste avait souligné que la réforme gouvernementale "ignore" le "travail posté", qui "a un effet indiscutable sur l'espérance de vie", sans se voir "forcément à 60 ou 62 ans ... / ... " - AFP/Google

Et surtout en continuant à ânonner sur : "... / ... des mécanismes de tutorat entre juniors et seniors " qui semblent désintéresser, au plus haut point, les entreprises.

Néanmoins, si certains salariés vont pouvoir prendre une retraite anticipée bien méritée, il ne faut pas oublier comme nous l'expliquent Les Echos que : " ... / ... Plus largement, les salariés font aussi les frais de la stratégie de délocalisation du groupe au losange. Sur les neuf premiers mois de cette année, celui-ci n'a fabriqué que 369.000 voitures particulières en France, soit 20 % du total avec les marques Dacia et Samsung. Et les choses ne vont pas s'arranger avec la prochaine usine en construction à Tanger (Maroc), vouée quasiexclusivement à l'exportation. Renault pourrait réduire ses capacités industrielles dans l'Hexagone de l'équivalent de 500.000 voitures dans les trois ans à venir, selon les analystes d'Exane BNP Paribas ... / ... " - Les Echos

Ce qui ressemble à s'y méprendre à ... un dégraissage déguisé, comme l'indique la CGT qui : " Dans un communiqué, s'inquiète des embauches qui sont proposées en contrepartie, la direction ayant annoncé, selon elle, qu'elles ne compenseraient pas les départs ... / ... " - Le Point

Oui, mais dans la mesure où il s'agit de délocaliser pour permettre aux entreprises de gagner en compétitivité, Claude Bébéar président de l'institut Montaigne qui déclarait : " délocaliser est un devoir pour les entreprises" et Laurence Parisot qui renchérissait : " ... / ... la délocalisation n'est pas une perte pour l'économie française mais une valeur ajoutée supplémentaire ... / ..." ne verront finalement pas d'un mauvais oeil cette "entorse" qui ne concernera finalement que quelques salariés ...

Alors, il ne reste plus qu'à souhaiter une bonne préretraite aux seniors de chez RENAULT concernés, tout en pensant, à ceux qui ne travaillent pas dans une entreprise multinationale de plus de 55.000 salariés, et vont plus probablement connaître ... la précarité des chômeurs en fin de droits !

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Ministère du Travail

23 novembre 2010

Crise économique : Heureux comme une multinationale en Europe ?

Le "tigre Celtique" n'est plus qu'un chaton malingre. Il doit imposer à sa population une cure d'austérité drastique. Austérité à laquelle les multinationales, qu'il a fait venir en abusant du dumping fiscal, se refusent sous peine ... de délocalisation !

En toute logique, la justice fiscale devrait dépendre des dirigeants politiques et élus des pays. C'était sans compter sur la mondialisation économique, qui a mis en concurrence les entreprises et salariés du monde entier. Cette concurrence qui a fait flamber le taux de chômage, notamment en Europe.

Or, comme diraient les libéraux, comme notre Président : "le travail ne se partage pas". Dans ce cas, la seule solution pour attirer les entreprises consiste au choix : A leur proposer une "rente fiscale" ou à réduire au minimum le droit du travail. Et dans certains pays ... à cumuler les deux !

L'Irlande en est un bon exemple !

Souvenez-vous, il y a peu, l'Irlande "ponctionnait tout ce que l'union européenne possédait de spécialistes en tous genres. Ainsi, on pouvait lire en mai 2007

" ... / ... Sur cette terre d'émigration séculaire, où le phénomène contraire était inconnu jusqu'au renversement de tendance des années 1990, fruit d'un essor économique aussi étincelant que soudain ... / ... Le recours à l'immigration de masse est l'une des réponses du gouvernement à l'érosion récente de la productivité. Puiser dans un vivier de main-doeuvre sensiblement moins payée que les salariés irlandais donne de l'air aux entreprises ... / ... " - Perspectivaciudadana

A comparer avec ce qu'écrit Le Monde aujourd'hui

" ... / ... Sakinah, 18 ans ... / ... a déjà décidé. Ce sera «Perth [en Australie] ou Londres». Elle assène, lapidaire : «Cette crise nous a montré que la cupidité était partout. Je suis déçue par mon pays. Je dois prendre l'air.» ... / ... Le pays se saigne. «Comme dans les années 50, quand des centaines de milliers d'Irlandais ont traversé la mer d'Irlande pour rejoindre le Royaume-Uni», rappelle Kieran Allen, sociologue à l'Université de Dublin. Ou à l'image des années 80, quand les Etats-Unis incarnaient à nouveau la terre d'exil ? «C'est pire, dit Allen. La crise est mondiale, la concurrence de la mondialisation est féroce. Le peuple paie la facture des "banksters" ... / ... " - Libération

Il faut dire que si l'Irlande a pu connaître des sommets de croissance : " Entre 1991 et 2003, l'économie irlandaise connut une croissance de 6,8% par an ... / ... L'apogée de cette croissance (ayant ) eut lieu en 1999, lorsque la croissance du PIB atteint 11,1 %, après 8,7 % et 10,8 % en 1998 et 1997 ... / ..." - France2 ... Elle le devait en grande partie aux aides européennes et ... sa politique fiscale vis a vis des entreprises !

Et dans ce dernier domaine, les irlandais ont fait très fort puisque : " ... / ... En Irlande, le taux d'imposition sur les sociétés est en effet 12,5%, (34% en France et entre 30% et 33% en Allemagne). Mais aussi en permettant aux multinationales américaines comme le "gentil " Google de s'adonner aux techniques de "l'optimisation fiscale" : " ... / ... Google est soumis à l'international à un taux d'imposition de seulement 2,4%. ... / ..." - Nouvel Obs

Alors, lorsque la crise touche l'Irlande et que l'Europe et le FMI lui demande de reconsidérer sa politique fiscale " dumping" en ce qui concerne les entreprises, les multinationales, reconnaissantes, menacent de ... se délocaliser !

Ainsi : " ... / ... Dans une lettre aux autorités irlandaises que s'est procuré le Daily Telegraph, Microsoft, Hewlett-Packard et Intel, mais aussi Bank of America et Merrill Lynch, évoquent "l'impact négatif" qu'aurait une hausse de la fiscalité sur les entreprises sur la capacité du pays à "attirer et à conserver" des investissements. Le courrier fait également allusion à d'autres pays, comme Singapour, jugés par ces entreprises comme plus compétitifs. Une menace de délocalisation à peine voilée ... / ... " Car elles ont gros à perdre !

l'exemple de Google est particulièrement significatif puisque : " ... / ... En faisant transiter ses revenus par les Bermudes via l'Irlande et les Pays-Bas, le géant du Web aurait économisé sur les trois dernières années plus de trois milliards de dollars d'impôts ... / ... " - Le Monde

D'où la panique du gouvernement irlandais qui s'essaye une fois de plus au "bras de fer" avec ses prêteurs et préfère sacrifier la population

" ... / ... Le taux d'imposition sur les sociétés en Irlande ne bougera pas, laisse entendre le ministre irlandais des Finances, Brian Lenihan ... / ... La plupart des investissements directs en Irlande viennent de pays n'appartenant pas à l'Union européenne. Nous ne sommes pas en concurrence pour ces investissements avec d'autres pays de l'Union, mais avec ceux de l'Extrême-Orient ... / ..." - AFP/Google

Où est le "rêve" européen dans tout celà, si ce n'est le triomphe de la "libre circulation des marchandises et capitaux" ?

Car comme l'explique judicieusement Georges Ugeux, PDG de Galileo Global Advisors

" Ce qui gène le plus, c’est l’attitude du Gouvernement et du Parlement irlandais. Se drapant dans les pans de sa souveraineté nationale ... / ... Depuis des mois, il ne faisait aucun doute que l’Irlande devrait intervenir pour soutenir ses banques. Celles-ci avaient joué massivement, non pas dans la crise des subprimes américains, mais dans une spéculation immobilière dont chacun savait qu’elle ne pourrait qu’exploser ... / ... En clair, l’absence de revenus de l’Irlande vient du fait qu’elle sous-impose les entreprises sur son territoire ... /... nous allons prêter l’argent dont ils ont besoin pour combler un trou qui est notamment creusé par une utilisation de l’impôt des sociétés désavantageuse pour les autres pays membres ... / ..."

Oui, répondront certains, mais l'Union réfléchit à une harmonisation fiscale de l'impôt sur les sociétés, dont ... " La Commission européenne a cependant plusieurs fois réaffirmé que cette harmonisation n’était pas à l’agenda" ! - Telos

Une certitude toutefois : Il ne fait nul doute que les dirigeants des pays du G20 et ceux des pays de l'Union européenne, après avoir opéré des coupes sombres dans les budgets sociaux de leurs pays, en reparleront ... entre la poire et le fromage ...

22 novembre 2010

Retraites par capitalisation : Une transparence, parfois bien ... opaque ?

Aléa ou conséquence de la "réforme" des retraites, les assureurs et banquiers bien aidés par les sénateurs UMP, vont pouvoir enfin gérer des fonds de pension à grande échelle. Pourtant, les derniers rebondissements politico juridiques de " l'Association française d’épargne et de retraite" n'ont rien de rassurants ...

L’intersyndicale a appelé à : " une nouvelle « journée nationale de mobilisation » contre la réforme des retraites, le mardi 23 novembre. ... / ... D’après l’intersyndicale, - qui regroupe la CFDT, la CGT, la FSU, Solidaires et Unsa , cette nouvelle journée d’action sera marquée « par des actions multiformes" - Evous

Connaissant la détermination du gouvernement à ne pas revenir en arrière (Note AAA oblige) il est assez peu probable que ce dernier mouvement annoncé puisse le faire plier.

Si beaucoup de gens s'accordent à penser que cette "réforme" est injuste, elle ne l'est pas pour tout le monde, comme l'expliquait Ownipolitique le 1er novembre dernier : " quatre amendements consacrent la nouvelle place de la retraite par capitalisation dans le système français d’assurance vieillesse. En un vote, la porte a été entrouverte aux banques, assurances et instituts de prévoyance pour se servir dans les 7,983 milliards d’euros de participation distribués en France ... / ... " Intégralité de l'article

Ce qui signifie qu'à court terme, de plus en plus de salariés vont découvrir les "joies" et ... désillusions des fonds de pension.

Désillusions et imbroglio que connaissent, actuellement, les épargnants de l’Afer (Association française d’épargne et de retraite).

C'est quoi l'Afer ?

Selon son site c'est : " ... / ... une association d'épargnants vraiment libre et indépendante dont l'objectif est de permettre à ses adhérents de se constituer une épargne dans le meilleur cadre fiscal, juridique et financier possible. L'AFER est une force de proposition vis-à-vis des parlementaires et des pouvoirs publics. Sa puissance lui permet de faire entendre sa voix, y compris par des campagnes de presse, chaque fois que l'intérêt de ses adhérents et de l'épargne retraite le rend nécessaire ... / ... " Ou, comme le dit joliment le site : "' ... / ... un concept original et unique, au carrefour du mutualisme et du capitalisme" et "une vie associative conviviale"

Sauf qu'a y regarder de plus près, la "vie associative conviviale " et le " carrefour du mutualisme et du capitalisme " ont été largement mis à mal ces dernières années !

En effet, comme l'écrit Mediapart : " ... / ... Jugeant qu’il était normal de récompenser leur mérite, les fondateurs se firent octroyer des primes occultes calculées en pourcentage des sommes récoltées chaque année. L’assureur Abeille-vie, devenue Aviva, chargé de gérer les fonds récoltés, ferma les yeux sur ces petits arrangements ... / ... " Voir la saga et les démêlés de AFER sur le site de "SOS PRINCIPES AFER"

Petits arrangements qui ont finit par être condamnés !

Dans le Figaro du 11/06/2008, on pouvait lire : " ... / ... La cour d'appel de Paris a confirmé la peine de prison de deux ans avec sursis à l'encontre de deux anciens dirigeants de l'Association française d'épargne et de retraite pour détournement de fonds ... / ... Les deux fondateurs de l'Afer sont accusés d'avoir perçu entre 1987 et 1997, des sommes considérables ... / ... "

Alors, direz-vous tout est bien qui finit bien ... confiance en moins ?

Et bien non, puisque, nous apprend Libération : " Une cagnotte de 250 millions d’euros est à la disposition de 400 000 épargnants. Il suffirait de les fédérer en partageant les frais de procédure pour que chacun puisse réclamer près de 1 000 euros auprès de la cour d’appel de Paris. Mais rien ne se passe, car les pouvoirs publics et le microcosme financier freinent tout ce qui pourrait favoriser une class action à la française ... / ... " De plus : " l’actuelle direction de l’Afer persiste à négliger le pactole. Dans une lettre à ses adhérents, elle fait état d’une "affaire judiciaire d’une extrême complexité dont les résultats sont aléatoires"

Des class actions ?

Pas de ça lisette ! En effet, Christine Lagarde et le Medef ont clairement indiqué leur opposition aux "class actions"

Opposition que la ministre entend gérer au plus vite suivant un technique peu soucieuse de l'intérêt des assurés, nous dit Libération : " Christine Lagarde est sur le point de signer un décret qui devrait chambouler le déroulement de certaines assemblées générales. Il est rédigé, ne manque plus que sa publication au Journal officiel. Modifiant l’article du code des assurances concernant les associations d’épargnants, il relève considérablement le seuil à partir duquel des opposants peuvent soumettre une résolution au vote des adhérents. Ils devront justifier de représenter 1% des membres " Ce qui signifierait, dans le cas de l'AFER, que : "alors qu’il suffisait jusqu’à présent de recueillir une centaine de signatures, il en faudrait ... 7 000" ... Et même si à Bercy on affirme que : "Aucune décision n’est prise, on a juste ouvert une consultation" - Libération ... on est tenté de penser qu'il n'y a pas de fumée sans feu.

Ce décret serait le bienvenu puisqu'il mettrait fin aux poursuites de l'association SOS PRINCIPES AFER qui a porté plainte en ... 1999 et aimerait avoir des réponses et actions précises.

Bien que l'actuel Président de l'AFER : Gérard Bekerman affirme : "Je ne suis pas l’auteur du décret, mais j’y suis favorable", Mediapart, repris par SOS PRINCIPES AFER, nous signale qu'il était présent à : "fameuse réunion de l’hôtel Bristol, fin décembre 2009, au cours de laquelle Nicolas Sarkozy accueillait les membres les plus influents du Premier cercle", il en a profité pour devenir lui même : " ... / ... membre du Premier cercle... / ... " Il : " ... / ... reconnaît sans peine son appartenance à cette structure de financement de l’UMP et s’en explique. "Ainsi, j’espère mieux défendre l’Afer ... / ... " Tout en démentant être membre de l'UMP : " ... / ... j’ai coché la case disant que ce n’était pas une adhésion UMP "

Donc, un simple coup de lobby qui aurait porté ses fruits ?

Pas vraiment rassurant, comme exemple, pour ceux qui vont découvrir les "joies" des fonds de pension à la française ....


Crédit image
Libraire Lavoisier - Les fonds de pension en question