28 février 2013

Xavier Bertrand : Un spécialiste du chômage cynique ou incompétent ? Les deux mon capitaine !

Xavier Bertrand, l'un des plus mauvais ministre du travail de la 5 eme République, en ce qui concerne l'éradication du chômage de masse, vient d'apostropher François Hollande sur les derniers chiffres de l'emploi en, France. On pourrait en rire si le sujet n'était pas aussi grave !

Ainsi, Xavier Bertrand se pose en expert de la réduction du chômage de masse qui affecte notre pays. Il réclame des mesures d'urgence. Ce qui doit faire sourire un grand nombre de français mais pas forcément ceux qui ont découvert le chômage à l'époque où il officiait au ministère du travail.

Que déclare t-il au juste ?

« Depuis vingt ou trente ans, on ne réussit pas à avoir un niveau de chômage qui se situe au niveau des autres pays européens, il faut des mesures d'urgence et je demande au gouvernement de se réveiller (..) Je demande aussi au président de la République de prendre la question du chômage au sérieux (...) avant toutefois d'avouer« personne ne peut faire le malin sur les questions de l'emploi (...) se souvenant avoir dû annoncer comme ministre "parfois de bonnes nouvelles et souvent des mauvaises". Mais "le chômage augmente deux fois plus vite qu'il n'augmentait au début de l'année 2012 (...) Première mesure d'urgence, " une baisse des charges dans les très petites entreprises, chez les artisans (...) » - Le Point

Outre que le montant des cotisations sociale n'a strictement aucun lien avec le carnet de commande des artisans, n'oublions pas que Xavier Bertrand a contribué avec Jean-François Copé au torpillage du processus de représentation des salariés dans les TPE défendu par les patrons de l'artisanat. Ce qui fait effectivement de lui un fin connaisseur de ce type d'entreprise !

Mais regardons de plus près comment notre expert a lutté contre le chômage

Avril 2011 : « Très sûr de lui » comme écrivait L'Express : Parce que les emplois qui manquent, Xavier Bertrand va les créer, en utilisant massivement les contrats aidés. Une recette que la droite boude, car contraire au dogme libéral, mais qu'elle pratique parce qu'elle est bien commode pour faire baisser les mauvais chiffres. L'argent sera débloqué puisque le chef de l'Etat a promis 250 millions d'euros supplémentaires pour financer 50 000 emplois aidés de plus. Déjà, en 2002, Jean-Pierre Raffarin, alors à Matignon, et son ministre des Affaires sociales, un certain François Fillon, avaient juré la fin de ces dispositifs avant d'y recourir quelques mois plus tard (...) grace à cette technique, il comptait : (...) réduire le taux de chômage de 9,2 % (fin 2010) à 8,5 % en décembre 2011 (...) »

Le tout s'étant soldé par la célèbre phrase de Nicolas Sarkozy sur la : « baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs »

Or, ces contrats aidés s'adressent aux populations les plus éloignées de l'emploi et comme le rappelle La MAIF, sont très souvent réservés aux organismes publics, parmi lesquels l'éducation nationale joue souvent le premier rôle. 

Donc, exit la création de richesses au travers de l'emploi marchand que nous serinent régulièrement Xavier Bertrand et ses collègues de l'UMP ! Ce qui était d'ailleurs confirmé par les Les Echos : « (...) l'Etat compte concentrer son effort sur le premier semestre pour limiter la casse avant l'élection présidentielle. C'est ce que révèle la traditionnelle circulaire de programmation des contrats aidés que le ministère du Travail vient d'adresser à ses services déconcentrés. En date de 19 décembre, elle prévoit que, sur les 340.000 contrats du secteur non marchand (CUI-CAE) inscrits au budget, 225.000 devront être conclus au premier semestre. Cela correspond à une moyenne de 37.500 par mois. Un rythme particulièrement soutenu si on le compare à celui décidé pour le premier semestre de 2009, au plus fort de la récession, qui était de 32.000 par mois (...) l'éducation nationale (...) sera en particulier mise à contribution (...) »

L'emploi des seniors

A part déplacer l'âge de la dispense de recherche d'emploi pour les plus âgés dont, on trouve trace dans : un des volets de la loi n° 2008-758 du 1er août 2008 : La suppression à compter du 1er janvier 2012 de la dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs âgés qui visait à : «  (...) à relever progressivement l’âge d’accès à la dispense de recherche d’emploi, jusqu’à la supprimer définitivement en 2012, conformément à la politique d’augmentation du taux d’emploi des seniors (...) » on cherche vainement toute mesure en faveur de l'emploi des salariés âgés.

D'ailleurs, tout le monde a pu se rendre compte que le nombre d'embauches de seniors a flambé durant la période où Xavier Bertrand était aux manettes ! 

On pourrait aussi, aborder les fameux « emplois non pourvus », qui permettaient à Xavier Bertrand et Nicolas Sarkozy de rejeter la faute sur les chômeurs. Ce qui faisait écrire au journaliste MarcLandré, du Figaro : « Plus c'est gros plus ça passe (...) D'où sort ce chiffre de 500 000 ? En fait, de nulle part. C'est un chiffre pifométrique et fantasmagorique (...) Il est tiré, à l'origine, d'un sondage réalisé il y a quelques années par les chambres des métiers afin d'estimer le nombre d'emplois non pourvus dans leurs secteurs d'activité (...) »

Par contre, Xavier Bertrand a su nous expliquer que les chômeurs étaient des privilégiés à qui il convenait de réduire la durée de leurs indemnités qui étaient : « des freins au retour à l'emploi » et qu'il fallait envisager : « la réintroduction d'une dégressivité des allocations chômage, incitative à la reprise d'emploi (...) »

En fin de compte, le seul domaine où Xavier Bertrand a su montrer l'étendue de son talent, c'est lorsqu'il déclarait que : « Nicolas Sarkozy est le seul à proposer des mesures puissantes pour faire reculer le chômage » et nous vantait la manifestation sarkozyste pour le vrai travail : « Certains font mine aujourd’hui de s'étonner que nous voulions un rassemblement pour fêter la valeur travail (...) Ni la gauche, ni l’extrême gauche ne nous imposeront un couvre-feu pour nous empêcher de nous mobiliser pour la valeur travail le 1er mai (...) Nous on veut mettre en avant la valeur travail et la différence avec l’assistanat (...) »

Et c'est ce brillant spécialiste qui vient aujourd'hui pérorer et donner des conseils ? On aurait pu penser qu'avec de telles références, Xavier Bertrand aurait eu la pudeur de se taire. Mais sachez qu'en politique l'outrance, l'incompétence et le cynisme font bon ménage !

26 février 2013

La retraite à 65 ans ? : Laissez nous d'abord travailler jusqu'à 62 !

Que ce soit au Medef ou à l'UMP, le son de cloche est le même : Il faut augmenter l'âge de départ à la retraite ! Or, le taux d'emploi des 55-64 ans ne progresse pas et leur nombre à Pôle emploi ne cesse d'augmenter !


Nul n'a oublié l'inénarrable Xavier Bertrand notamment dans sa période ministre du travail et du choooooommmage, comme aimait à le qualifier le regretté Patrick Roy ! Hé bien, Xavier Bertrand qui, rappelons le, ambitionne de devenir Président de la République en 2017 (du moins s'il gagne la primaire de l'UMP) vient de prendre la parole pour nous parler de ... l'âge de la retraite.

Que dit-il ?

« (...) La prochaine étape pour les retraites, disons-le sans détour, c'est 65 ans entre 2025 et 2030" mais "certainement plus près de 2025 (...) Il va falloir accepter de travailler plus longtemps (...) » - Libération

Ce que dit également Geoffroy Roux de Bézieux, candidat à la présidence du Medef : « (...) L'allongement de l'espérance de vie implique d'augmenter la durée d'activité. C'est non négociable ! (...) »

La seule différence entre ces deux promoteurs du travailler plus longtemps ?

Le fait que Roux de Bézieux ajoute : « (...) Cela passe aussi par un effort des entreprises pour maintenir les seniors dans l'emploi car, même si du chemin a été fait depuis dix ans, c'est loin d'être suffisant (...) »

Un effort des entreprises vis à vis des seniors ? Parlons en justement, au travers d'une étude publiée par l'association "A compétence égale" reprise par Capital sur son site Web.

Qu'y apprend-on ?

« (...) Les recruteurs ont tendance à écarter leurs profils perçus comme trop coûteux ou surdimensionnés par rapport au poste. Les consultants en recrutement, eux, redoutent qu'une recrue âgée ne s'intègre pas dans une équipe jeune, voire témoigne d'une trop grande résistance au changement (...) la loi de 2009, qui oblige les entreprises de plus de 50 salariés à mettre en place un plan d'action pour le maintien dans l'emploi et le recrutement des seniors, n'a eu qu'un effet très limité. Pour 84% des DRH et 83% des consultants en recrutement, elle s'avère même totalement inefficace (...) le taux d'emploi des 55-64 ans n'a quasiment pas progressé à 41,5%, un niveau encore bien en deçà de la moyenne européenne à 47,4%. Parallèlement, la crise a entraîné la flambée du taux de chômage des 55-64 ans (à 6,8% fin 2012). Ils sont ainsi plus de 682.000 quinquas à pointer à Pôle emploi (+16,9% sur un an) soit la plus forte hausse, toutes générations confondues (...)  »

Est ce à dire que M. Roux de Bézieux, comme ses collègues du Medef, se moque du monde ?

Certainement, dans la mesure où les entreprises françaises ont outrageusement abusé de la rupture conventionnelle pour se débarrasser de leurs salariés âgés !

Ainsi : « 17% des ruptures conventionnelles ont été signées par des salariés de 50 ans ou plus au 1er semestre 2012 (...) » et : « (...)  6,7% des ruptures conventionnelles concernent des salariés de plus de 58 ans (...) » Ecrit sur son blog Nathalie LAILLER avocate spécialisée en droit du travail. 

Ce que confirme son confrère Frédéric Benoist : « (...) La rupture conventionnelle est utilisée dans 3 cas sur 4 par les entreprises de moins de 50 salariés. Elle concernerait majoritairement les seniors (...) » tout comme le site Intelligence RH : « (..) un demandeur d’emploi de 55 à 60 ans sur cinq s’est inscrit à Pôle emploi au cours du premier trimestre 2010 suite à une rupture conventionnelle de son contrat de travail (...) »

Loin d'être suffisant disiez vous M. de Bézieux ? Reconnaissez tout simplement que l'objectif des entreprises est de transférer à l'UNEDIC la charge des salariés les plus âgés.

Hé oui, certains, après deux ou trois ans de chômage indemnisé, pourront faire valoir leurs droits à la retraite. Ceux nés en 1952 ou 1953 pourront espérer toucher l'allocation équivalent retraite (AER) rétablie à compter du 1er mars, quant aux autres ....  

Du côté de Xavier Bertrand qui, au passage, avait supprimé l'AER pour faire des économies, pour ensuite lui substituer l'ATS, quasi impossible à obtenir, puisqu'elle n'avait concerné que 500 personnes en juillet 2012, au lieu de 68 700 allocataires en janvier 2008 pour l'AER, on évite le sujet, préférant reprendre l'éternel fantasme du Medef : La capitalisation retraite !

Or, ce que demandent les salariés seniors, ce n'est pas de jongler d'une indemnisation ou d'une aide à l'autre. Ce qu'ils réclament, c'est :

Le droit de continuer à travailler sans subir de discrimination à cause de leur âge
Le droit à être formé si nécessaire pour s'adapter à toute nouvelle technologie
Et surtout celui de ne pas voir leurs candidatures être rejetées avant même d'avoir été étudiées ou même simplement lues !

Alors, MM. de Bézieux et Bertrand, avant de nous obliger à attendre 65 ans pour partir à la retraite, laissez nous déjà travailler jusqu'à ... 62 ans !


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